dimanche 21 décembre 2008

La mort dans la misère aux portes de Saint-Mandé

Au moment où nous nous apprêtons à fêter Noël et la fin de l’année, nous voudrions juste, sans chercher à culpabiliser ceux qui nous lisent, rappeler le souvenir de ceux qui très récemment sont morts dans le bois de Vincennes, à quelques mètres de Saint-Mandé, victimes d’épuisement, du froid, de la misère et de la solitude. Nous ressentons non seulement une grande honte pour ce gouvernement qui, par ses politiques sociales à fabriquer de l’exclusion, du chômage, de la pauvreté, permet ces morts indignes d’une société dite développée, mais nous sommes également révoltés par l’injustice faite à ces personnes qui viennent mourir faute d’un toit à eux dans le bois de Vincennes, qui est certes le territoire de Paris, mais qui est aussi le lieu de promenade privilégié des habitants de Saint-Mandé.
Saint-Mandé dont le prix du m2 est de très loin le plus élevé du département et le deuxième plus élevé de toute la région Ile-de-France, juste derrière Neuilly !! Saint-Mandé, dont le maire peine tant à construire des logements sociaux, notamment suffisamment grands pour des familles, et qui il n’y a pas si longtemps qualifiait la loi dite SRU de loi «inique» car elle pénalise les villes qui refusent d’atteindre le quota de 20 % de logements sociaux ! C’est ainsi qu’une partie des impôts des Saint-Mandéens sert à payer l’amende pour non respect de la loi SRU.
Le maire de Saint-Mandé, qui est également notre député, vote à l’Assemblée Nationale toutes les lois qui contribuent à exclure, chaque jour un peu plus, un grand nombre de nos concitoyens tout en assurant aux plus nantis encore plus d’argent : le bouclier fiscal, l’inclusion dans ce bouclier du financement du revenu de solidarité active (RSA), le déremboursement des dépenses de santé, la baisse de 30 % en 2009 des crédits de l’Etat affectés à la construction de logements sociaux, etc. Le gouvernement souhaite maintenant comptabiliser l’accession sociale à la propriété dans le quota de 20 % de logements sociaux ! Qui veut-on réellement protéger : ceux qui n’ont pas de toit ou les maires qui ferment les portes de leur ville aux plus démunis ? Rappelons que le président de la République, dont notre maire est un fervent partisan, proclamait haut et fort que s’il était élu, en deux ans plus personne ne serait obligé de dormir dans la rue!
Le maire de Saint-Mandé, qui s’est tant mobilisé, multipliant les actions de communication et de soutien, pour le zoo de Vincennes dont le sort pourtant ne dépend en rien de Saint-Mandé mais de l’Etat lui-même, est resté étonnamment silencieux sur l’analyse de la situation et les actions concrètes, tels que des logements très sociaux, que l’on pourrait envisager à Saint-Mandé lorsque des personnes viennent mourir aux lisières de la commune. «Saint-Mandé, une ville où il fait bon vivre !» pour reprendre le slogan du maire… La solution ne réside pas dans la charité compassionnelle qui se manifeste la plupart du temps lorsque le thermomètre passe en dessous de zéro et que Noël approche. Ce ne sont pas quelques colis distribués, quelques subventions aux Restos du cœur, quelques places supplémentaires dans des centres invivables d’hébergement d’urgence, qui réduiront la fracture sociale grandissante à laquelle se heurtent de plus en plus de personnes, hier intégrées et aujourd’hui condamnées à mendier et à se cacher dans les bois parisiens. Ces exclus y meurent d’ailleurs tout autant en été qu’en hiver. Le seul moyen pour éviter la spirale infernale de la perte d’emploi puis de la perte du logement et, enfin de la perte de relations sociales et de repères, est de mettre en place de véritables structures de réinsertion pour ceux que la rue a trop abîmés, de construire massivement des logements sociaux accessibles à tous et d’adopter une stratégie visant les causes du phénomène. Nombre de pays européens tels que le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne y sont parvenus. Pourquoi serait-ce plus difficile pour la France ? Notre gouvernement s’est démené pour trouver des centaines de milliards d’euros afin de sauver le système bancaire, ne peut-il en faire de même pour remédier à la situation intolérable que subissent 200 000 personnes et qu’il a provoquée ? A part leur souhaiter un joyeux Noël, que comptez-vous faire pour eux Monsieur le député-maire ?

Brigitte Arthur, David Gréau, élus Verts
Geneviève Touati, Benoit Ains, élus socialistes
Tribune publiée dans Saint-Mandé Infos n°153, décembre 2008 - janvier 2009, p. 54-55

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