jeudi 30 juin 2011

La culture, variable d'ajustement budgétaire

Deux professeurs du conservatoire, l’une enseignant le chant lyrique, l’autre la contrebasse, en poste sur notre commune depuis de nombreuses années, viennent d’être brutalement renvoyés : pour boucler son budget, la majorité municipale a décidé de la suppression de leurs postes. Sans considération pour le savoir-faire qu’ils ont déployé au service de notre commune, pour les difficultés où les place une telle décision, ces deux enseignants servent de variable d’ajustement au budget de la ville. Pour information, la majorité municipale s’était bien gardée d’informer l’opposition de ces suppressions de poste dont nous avons été avisés par des élèves du conservatoire. Nos questions n’ont reçu que des explications confuses, agrémentées de chiffres fantaisistes variant d’une commission à l’autre.
Un constat s’impose : alors qu’elle justifiait la hausse exorbitante des impôts locaux par sa volonté de maintenir le même niveau de service aux Saint-Mandéens, la majorité municipale ne tient pas ses promesses. La suppression des deux postes, et avec eux, des disciplines enseignées au conservatoire, en sont la preuve.
Ce n’est pas tout : l’examen du compte administratif a révélé que des dépenses de toute première importance pour les Saint-Mandéens, inscrites au budget 2010 – réservation de places en crèche, études pour la mise en place du Plan Local d’Habitat (dans une ville où le logement social fait tant défaut !) ou encore concernant le Plan de Prévention du Bruit - n’ont pas été réalisées, et là encore pour faire des économies. Certes les finances de notre commune comme celles de toutes les collectivités territoriales sont affectées par la politique gouvernementale, avec ses réformes à l’emporte-pièce (suppression de la taxe professionnelle) et les cadeaux fiscaux faits aux plus riches (après le bouclier fiscal, suppression de l’ISF). Cela se traduit pour Saint-Mandé par une perte de ressources pour 2010 de 754 761 euros.
Mais à la différence d’autres communes, cette politique gouvernementale est approuvée et soutenue par le maire et son équipe. Par ailleurs des décisions prises par cette même majorité municipale grèvent les finances de la ville inutilement. A titre d’exemple, s’agissant du dernier conseil municipal, que dire des sommes consacrées à la vidéosurveillance ? Sans évaluation préalable du dispositif existant dont l’efficacité n’est aucunement démontrée au regard des faits les plus graves qui se sont commis sur la commune, l’installation de 9 nouvelles caméras a été décidée pour 2011 : coût 176 101 euros sans compter celui de la maintenance. Que dire également des audits décidés de ci de là, le dernier en date portant sur les écoles, de subventions allouées à certaines associations…
Voilà pourquoi aujourd’hui deux postes sont supprimés et leurs titulaires renvoyés. La majorité municipale prétend justifier ce choix par le fait que les enseignements dispensés par ces professeurs ne concerneraient qu’un nombre limité d’élèves dont parfois des non Saint-Mandéens. L’argument ne saurait être accueilli. Nombre de services ou d’activités nécessitent un personnel important en nombre. L’enseignement d’une discipline artistique n’est qu’un cas parmi d’autres. Quant aux élèves non saint-mandéens, rappelons qu’ils paient un tarif supérieur à celui des élèves saint-mandéens. Enfin si une discipline artistique de par sa spécificité n’appelle qu’un nombre limité d’élèves, pourquoi la supprimer au lieu d’envisager des regroupements avec les conservatoires des villes voisines, ce qui ne pourrait que favoriser son développement ? Encore faudrait-il se mettre à penser en termes d’intercommunalité, ce qui est loin d’être le cas à Saint-Mandé.
On commence par la culture, considérée malheureusement par certains comme un superflu, mais où cela s’arrêtera t-il ? Qui sera le prochain à voir son poste supprimé ?

Geneviève Touati et Benoît Ains, élus socialistes
Tribune à paraître dans Saint-Mandé Infos n° 168 (juin-juillet 2011)