vendredi 24 septembre 2010

Ne pas se taire face à la xénophobie

Elus de gauche, nous devons dire ici notre profonde indignation face à la politique de stigmatisation qui se développe dans notre pays et qui jette à la vindicte publique des catégories entières de population, Roms, gens du voyages, étrangers ou encore français d’origine étrangère considérés comme étant par nature des fauteurs de troubles.
Notre Constitution interdit les discriminations d’origine, de race ou de religion. L’expulsion des Roms est inacceptable tout comme l’est l’amalgame entre immigration et délinquance et qui fait de l’étranger le bouc émissaire a priori suspect. L’instrumentalisation des problèmes de sécurité pour masquer l’échec d’une politique économique et sociale doit être fermement combattue.
Il est de notre devoir de nous élever contre la politique sécuritaire actuellement mise en œuvre. Et qu’on ne vienne pas nous parler de laxisme ou d’angélisme alors même que cette politique vient d’être condamnée par l’ONU, par la commission européenne et par des autorités morales telles l’Eglise catholique. La nécessaire défense de la sécurité publique dont nul ne conteste la légitimité ne saurait autoriser des dérives xénophobes. Après les Roms, qui sera jugé indésirable et expulsé ?
Nous ne devons pas rester silencieux et nous mobiliser notamment aux côtés des associations de défense des droits de l’homme. On ne peut non plus accepter ce discours développé par la droite (notamment à Saint-Mandé) et qui consiste à suspecter les plus modestes et des plus démunis de profiter du système, de ne pas savoir gérer leur budget, voir même de frauder. N’a-t-on pas entendu un député de la majorité présidentielle proposer tout récemment que le chèque de rentrée scolaire soit remplacé par des bons d’achat, suggérant par là-même que les familles modestes n’utiliseraient pas cette allocation à bon escient ? Est-il acceptable en 2010 que l’on puisse considérer comme anormal qu’une personne qui sollicite une aide ponctuelle possède un téléphone portable ?
Discrimination à raison des origines, méfiance vis-à-vis de ceux qui sont différents ou que notre société a laissés de côté, la notion de fraternité inscrite aux frontons de nos mairies est bien mal en point.

Geneviève Touati et Benoît Ains, élus socialistes
Tribune publiée dans Saint-Mandé Infos n° 163 (septembre-octobre 2010), p. 56