Combien d’entre-nous ont eu un mouvement de recul en prenant connaissance du montant de notre taxe d’habitation pour l’année 2010 et de sa hausse exorbitante ? La majorité municipale ne manquera pas d’invoquer le contexte économique et de se défausser sur le département. A ceci près que le contexte a bon dos quand il est la conséquence des décisions économiques désastreuses d’un gouvernement soutenu par notre député-maire et sa majorité. Quant au département, il est évident qu’il n’est pas responsable de la hausse décidée à Saint-Mandé. Il faut également rappeler que l’Etat n’a pas rempli ses engagements financiers envers cette collectivité dont l’action en matière sociale, avec notamment la prise en charge du handicap ou encore en matière d’éducation avec les collèges, sont des réalités qui bénéficient à tous. Mais s’agissant de Saint-Mandé, la hausse des impôts locaux est d’autant plus difficile à admettre qu’elle ne s’accompagne d’aucune contrepartie en matière de services et de tarification pratiqués par la commune.
En premier lieu, la taxe d’habitation augmente mais également tous les tarifs des services et activités proposés par la ville. Ces tarifs sont d'ailleurs plus élevés que ceux pratiqués dans les communes qui nous entourent. De plus, en ces temps difficiles, des mesures qui pourraient être prises pour aider nombre de Saint-Mandéens ne le sont pas : ainsi en est il du quotient familial dans la restauration scolaire mis en place par de plus en plus de communes de tout bord politique mais refusé par la majorité municipale saint-mandéenne. Autre exemple : un nombre croissant de salariés bénéficie aujourd’hui de chèques-vacances. Conformément au souhait exprimé par de nombreux Saint-Mandéens et notamment les familles, nous nous évertuons à réclamer la possibilité d’utilisation de ces chèques pour payer les inscriptions aux activités proposées par la commune. Depuis pratiquement deux ans, il nous est répondu que l’on va se renseigner pour savoir si cela est autorisé…
En second lieu, cette hausse n’a pas davantage pour corollaire de permettre de répondre à des besoins de la population. Combien de familles attendent désespérément une place en crèche ! Et pourra-t-on faire face à l’augmentation inéluctable des soins à domicile pour les personnes âgées ? Enfin, on ne peut que s’étonner sur les choix opérés par la municipalité en matière de dépenses au regard de l’intérêt général. Le réaménagement de l’avenue Sainte-Marie était il bien une priorité quand on constate l’état de l’avenue du général de Gaulle empruntée quotidiennement par un grand nombre de Saint-Mandéens et dangereuse pour les piétons ? Ne pourrait-on faire l’économie de certaines dépenses ? L’installation de la video-surveillance dont le coût de maintenance est important s’imposait-elle à Saint-Mandé ? Jusqu’à présent le bénéfice de cette installation est loin d’avoir démontré son efficacité : elle n’a pas empêché l’attaque d’un établissement bancaire proche de la mairie ou le vol d’un défibrillateur près du métro, ni permis l’interpellation des auteurs de ces faits. Nous avions réclamé avant l’installation de ce dispositif que nous soient communiqués le nombre exact d’infractions commises sur la commune, celui des interpellations et les réponses judiciaires qui y avaient été apportées. Nous avons réitéré depuis cette demande. Nous attendons toujours la réponse. Ainsi, la taxe d’habitation finance la maintenance d’un équipement dont l’utilité n’est aucunement démontrée.
Nous supportons aussi le poids de la pénalité de la loi SRU par suite du refus pendant de nombreuses années du maire et de sa majorité d’appliquer cette loi afin de parvenir à 20% de logements sociaux sur notre commune. Et que dire de certaines subventions et participations à des opérations de communication que nous avons refusé d’approuver ?
Ainsi, les tarifs augmentent, des besoins indispensables ne sont pas satisfaits, des dépenses sont engagées sans réelles justifications. Dans ces conditions – et il ne s’agit là que de quelques exemples - cette hausse de la taxe d’habitation n’est pas acceptable et c’est bien ce que pensent un bon nombre de Saint-Mandéens.
Geneviève Touati et Benoît Ains, élus socialistes
Tribune publiée dans Saint-Mandé Infos n° 164 (novembre 2010), p. 52