Nous reproduisons ci-dessous l'entretien avec Geneviève Touati et Benoît Ains paru dans le deuxième numéro de Saint-Mandé socialiste (deuxième trimestre 2013, p. 2), journal de la section PS de notre ville. Le journal est à retrouver dans son intégralité sur le site de la section.
Les élus socialistes dénoncent depuis de nombreuses années les problèmes de gouvernance à Saint-Mandé. Quelles sont les insuffisances dans ce domaine ?
La situation saint-mandéenne se caractérise par une extrême concentration des mécanismes de décision autour de la personne du maire, ce qui témoigne d’une conception passéiste du pouvoir, marquée par une certaine culture du chef. La personnalisation qui en résulte dans la communication municipale est souvent caricaturale et d’un autre âge. Le maire de Saint-Mandé ayant perdu son siège de député, cette tendance a peu de chance de s’inverser d’ici aux prochaines élections municipales.
À tous les niveaux, la pratique de la concertation est par ailleurs en trompe-l’oeil. L’information circule mal à l’intérieur du conseil municipal et dans les commissions, les élus n’étant pas suffisamment associés, en amont, à l’élaboration des textes. Ajoutons que la récente fracture survenue au sein même de la majorité municipale élue en 2008 semble avoir résulté, pour partie, de cet exercice trop solitaire du pouvoir.
Dans l’actualité récente, quels sont les exemples concrets qui illustrent ces problèmes de gouvernance ?
Un exemple simple : les élus socialistes ont demandé pendant plus d’un an à participer à la rédaction du cahier des charges préalable au renouvellement du marché de la restauration scolaire, le seul marché relevant cette année de la commission d’appel d’offres. Cette demande de bon sens n’a pas été satisfaite !
Second exemple : suite à un vote sur la modification du PLU présenté comme un simple toilettage destiné à corriger de petites erreurs portant notamment sur des classifications en « espaces verts », nous avons appris l’existence d’un projet de déménagement de la crèche départementale située rue de Bérulle et peut-être même du conservatoire. Il s’agirait de déplacer la crèche sur le terrain de l’IGN. Or les familles n’ont à ce jour nullement eu voix au chapitre. Nous demandons en outre, depuis lors, des éclaircissements sur l’avenir du terrain qui serait rendu disponible par une telle opération: aucune réponse ne nous est fournie.
On touche ici au coeur du déficit d’information. Le maire fait voter des délibérations ponctuelles et purement techniques en apparence, mais qui s’intègrent dans un cheminement dont la finalité, discutable, n’est jamais explicitée et n’apparaît souvent qu’après coup. Pour la rue de Bérulle, on peut supposer qu’une parcelle aussi vaste ne resterait pas longtemps inoccupée, tant on sait que l’immobilier a horreur du vide à Saint-Mandé.
Comment fonctionne, dans ce contexte, la démocratie locale à Saint-Mandé ?
Elle manque pour le moins de vitalité ! Il n’existe aucune structure de concertation du type conseils de quartier, et les Saint-Mandéens ne sont pas réellement associés à l’aménagement de leur cadre de vie. Les consultations « citoyennes » organisées ces dernières années se sont apparentées à des opérations de communication, les processus de débat et de décision restant toujours étroitement contrôlés pour ne pas remettre en cause les préférences de la municipalité. Faire davantage confiance à nos concitoyens permettrait pourtant d’éviter quelques aberrations, à l’image de ce jardin David-Néel, minéral et inhospitalier, qui ne dispose pas même d’un bac à sable pour les enfants en bas âge. En l’absence de véritable structure d’écoute et de discussion, une partie de la population reste dans l’indifférence à l’égard des affaires communales, et ce désintérêt est profondément inquiétant.
Comment redonner le goût de la délibération collective aux Saint-Mandéens ?
Plutôt que de monter en épingle quelques projets étriqués, il faudrait mettre en discussion les vrais enjeux d’avenir (inter-communalité, liens avec la capitale, transports dans le cadre du Grand Paris), forger une vision de long terme. Sous prétexte de défendre le particularisme de « Saint-Mandé, petit village » (dixit notre édile), le maire cache mal sa volonté de garder la mainmise sur un territoire géré comme un fief, refusant tout nouveau partage des responsabilités. Il serait temps de promouvoir une conception plus ouverte et moins orgueilleuse de la gouvernance locale !