lundi 9 mars 2009

SEDIF: les pages noires de la gestion de l'eau

Les 142 communes d’Ile-de-France, dont Saint-Mandé, regroupées au sein du SEDIF devaient par la voie de leurs représentants se prononcer le 11 décembre sur le futur mode de gestion de la distribution de l’eau, soit par délégation à un partenaire privé ce qui est la situation actuelle, soit par le retour en régie publique comme vient de le faire Paris. C’est une question d’extrême importance : est-il conforme à l’intérêt général que la gestion d’une ressource naturelle aussi essentielle que l’eau continue d’être confiée à un groupe privé et qu’aux travers de la facture de l’usager des dividendes soient versés aux actionnaires de ce groupe ? Par ailleurs ce vote engage les collectivités pour une très longue période (les deux derniers contrats étaient de 39 et 48 ans !). L’importance de l’enjeu, a fortiori dans le contexte économique actuel, l’existence de diverses critiques parfaitement fondées encourues par le système actuel avec son manque de transparence, le coût excessif de l’eau et une surfacturation largement dénoncée par de nombreuses études, concernent chacun de nous quelque soit par ailleurs ses opinions.
Le respect de la démocratie imposait une large information sur les données du problème et une concertation avec l’ensemble des Saints-Mandéens, la majorité municipale ne pouvant esquiver ce débat en se prévalant du programme qu’elle défendait puisqu’elle a toujours été muette sur ce point. Pourtant, aucun débat n’a été organisé par la majorité et pas la moindre information, ni avant, ni après le 11 décembre. Face à cette inertie, les élus de l’opposition ont eux-mêmes organisé une réunion publique le 3 décembre dernier avec les Saint-Mandéens qui a permis d’exposer aux nombreux participants les enjeux de la question. Compte tenu de nos protestations, une adjointe au maire a organisé en catastrophe trois jours avant le vote du SEDIF un simulacre de réunion entre les représentants de l’opposition municipale et deux élus de la majorité. Déception totale : la décision était déjà prise par le maire de rester en délégation à une société privée ! Cependant, aucun représentant de la majorité n’a pu justifier sérieusement des raisons de ce choix, l’élu représentant Saint-Mandé au SEDIF connaissant mal le dossier et s’embrouillant dans de vagues explications... Quant au conseil municipal du 18 décembre il n’y a pas eu davantage de débats puisqu’il s’est tenu après la réunion du SEDIF, que le représentant de la commune était absent, que les explications données pour justifier son vote n’étaient autres que l’argumentaire du président du SEDIF, André Santini. Le maire n’a fait preuve d’aucune transparence vis-à-vis des citoyens, n’a donné aucune information objective, se contentant de clamer sans argument que le retour en régie publique allait faire augmenter le prix de l’eau alors que toutes les études prouvent le contraire et que les communes qui ont fait ce choix ont vu leurs factures diminuer considérablement ! Il est vrai que pour la majorité municipale, tous les Saint-Mandéens sont censés être satisfaits et ne pas s’interroger sur le prix de l’eau qui leur est facturée même si nous la payons actuellement plus cher que partout ailleurs sans que cela soit justifié.
Tout ceci pose d’importants problèmes : déficit démocratique, absence de réel contrôle politique faute de véritable implication des représentants dans les organes décisionnels, défaut de défense de l’intérêt général face à des intérêts privés et partisans. Sur ce point, il est intéressant de savoir que le 23 janvier dernier les élus UMP de Paris ont formé un recours contre la décision du Conseil de Paris de retourner en régie publique… Comment justifier ce recours si ce n’est par des motifs de stratégie politique bien éloignés des préoccupations du citoyen de base quant au prix du m3 d’eau… Aux termes de tractations confuses, le SEDIF s’est donc prononcé en faveur d’une délégation à une entreprise privée par 88 voix contre 55. Cette décision est bien sûr décevante mais elle ne doit pas conduire à la poursuite des dérives constatées. La mobilisation continue.
Ainsi, le 4 février dernier un recours a été formé non seulement par des élus mais également par la Coordination Eau Ile-de-France pour demander l’annulation de la décision du SEDIF en arguant des conditions dans lesquelles cette décision a été prise et du flou total entourant les modalités du futur contrat. Au-delà de ce recours, cette décision impose l’élaboration d’un nouveau cahier des charges. Son contenu sera primordial pour obtenir une gestion transparente de la distribution de l’eau et la garantie de la payer à son juste coût. Nous restons plus que jamais mobilisés comme beaucoup d’autres élus Franciliens et nous vous informerons régulièrement de l’évolution de ce dossier qui est loin d’être clos.

Geneviève Touati, Benoit Ains, élus socialistes
Brigitte Arthur, David Gréau, élus Verts
Tribune publiée dans Saint-Mandé Infos n°154, février-mars 2009, p. 54-55